Bulletin Officiel n°2002-13Direction générale de la santé
Bureau des maladies infectieuses
et de la politique vaccinale

Avis du 8 mars 2002 du conseil supérieur d'hygiène publique de France section des maladies transmissibles sur la vaccination par le vaccin conjugué contre le méningocoque C

SP 4 435
1236

NOR : MESP0230119V


(Texte non paru au Journal officiel)

Considérant d'une part :
L'efficacité de la vaccination par vaccin méningococcique conjugué (Meningetec des laboratoires Wyeth-Lederle, Meninvact des laboratoires Chiron et Aventis-Pasteur) sur les formes invasives d'infections à méningocoque du groupe C, ainsi que, dans une certaine mesure, sur le portage oropharyngé ;
L'augmentation récente et régulière de l'incidence des méningites à méningocoque du groupe C en France et dans les pays européens proches ;
L'incertitude quant aux tendances évolutives de l'épidémiologie des méningocoques, irrégulières jusqu'à présent. ;
La bonne tolérance de cette vaccination, observée lors de son utilisation à grande échelle en Grande-Bretagne ;
Que la comparaison des impacts épidémiologiques et des ratios nombre de doses consommées/décès évités des différentes options de vaccination serait en faveur de l'option de vaccinations des sujets de 2 mois à 20 ans, même si ceci nécessiterait initialement l'administration d'un nombre plus élevé de vaccins que les 2 options alternatives (vaccination des tranches d'âge où l'incidence est particulièrement élevée c'est-à-dire soit les enfants de 2 mois à 5 ans ou à la fois les enfants de 2 mois à 5 ans et les adolescents de 16 à 20 ans) ;
Que d'après les estimations de l'institut de veille sanitaire (InVS), l'introduction de la vaccination contre le méningocoque C dans le calendrier vaccinal français permettrait d'éviter :
1. Dans un scénario de base (1), environ 187 cas de méningite, une trentaine de décès et une quinzaine de séquelles en moyenne chaque année durant les 5 premières années de mise en oeuvre ;
2. Dans un scénario d'impact maximum (2), environ 447 cas de méningite, 71 décès et 38 ;
3. Dans un scénario d'impact minimum (3) ; 63 cas 10 décès.
Considérant d'autre part :
Que les données de pharmacovigilance présentées par l'AFSSAPS recueillies avant et après commercialisation montrent les résultats suivants :
1. Cas graves :

2. Effets indésirables :


La section des maladies transmissibles du Conseil supérieur d'hygiène publique de France recommande :
  • la vaccination par le vaccin méningococcique conjugué pour les groupes à risque suivants :

  • sujets contacts d'un cas d'infections à méningocoques de sérogroupe C ;
  • dans des zones délimitées où l'incidence du méningocoque de sérogroupe C est particulièrement élevée (cas groupés ou épidémie, cf. critères d'alerte de la circulaire du 8 novembre 2001
  •  (5)) ;

    De rester très vigilant quant à l'évolution épidémiologique des méningococcies du groupe C qui devra être réévaluée périodiquement ; une poursuite de l'augmentation de leur incidence pouvant éventuellement amener à réexaminer ces recommandations à tout moment.
    Cet avis ne peut être diffusé que dans son intégralité, sans suppression, ni ajout.
    (1) Anticipation d'une augmentation d'incidence de 20 % par an, vaccination de tous les sujets jusqu'à 20 ans, obtention d'une couverture vaccinale de 60 %, protection vaccinale durant 5 années.
    (2) Vaccination de l'ensemble des sujets jusqu'à 20 ans, couverture vaccinale très élevée (90 %) et augmentation plus importante de l'incidence, de 40 %, des infections méningococciques de sérogroupe C.
    (3) Vaccination des enfants jusqu'à 20 ans.
    (4) Selon le décret n° 95-277 relatif à la pharmacovigilance, un effet indésirable grave est défini comme étant létal, ou susceptible de mettre la vie en danger, ou entraînant une invalidité ou une incapacité ou prolongeant une hospitalisation.
    (5) Les deux conditions suivantes doivent être réunies :
    1. Survenue dans une même communauté :
    1° D'au moins 3 cas dans un délai de moins de 3 mois et sans contact direct entre eux ;
    2° Qui sont rattachables à des souches identiques ou à défaut, en l'absence d'une identification, qui ne peuvent être différenciés.
    2. Taux d'attaque dans la communauté : égal ou supérieur à 10 cas pour 100 000 personnes.
    La communauté doit être déterminée avec précision : plus petite communauté incluant tous les cas. Il s'agit d'une communauté spatiale (commune, quartier ...) tous âges confondus :
    - cas confirmés bactériologiquement ou non, répondant à la définition de cas ci-dessus ;
    - la détermination du sérogroupe n'étant pas suffisante pour l'identification de la souche, l'expertise du CNR doit être demandée systématiquement.